La Saint-Valentin à la thaïlandaise
une fête en demi-teinte
Les Thaïlandais, réputés pour leur joie de vivre et leur penchant pour la fête, ont adopté avec enthousiasme la Saint-Valentin, rebaptisée « Wan Waa-Len-Taai ». Cette célébration de l’amour, à l’image des autres festivités du royaume, prend une dimension unique, oscillant entre ferveur commerciale et traditions culturelles bien ancrées.
À l’approche du 14 février, un raz-de-marée de rouge et de rose envahit le paysage urbain. Les centres commerciaux regorgent d’ours en peluche géants (souvent « Made in China » et potentiellement allergènes) brandissant des cœurs criblés de « I love you », tandis que les étals des fleuristes débordent de roses rouges. Les papeteries, quant à elles, misent tout sur les cartes illustrées de Cupidon et de cœurs.
Si la Saint-Valentin est l’occasion pour les jeunes amoureux de se déclarer leur flamme, elle est également prisée par les couples souhaitant convoler. Les bureaux d’état civil sont ainsi pris d’assaut dès l’aube par des futurs époux impatients de s’unir en ce jour symbolique. Pour les plus aventureux, et surtout pour les touristes en quête d’exotisme, certaines écoles de plongée proposent même des mariages sous-marins. Une expérience originale, mais qui, d’après les témoignages, s’avère peu pratique avec une robe de mariée et des bouteilles d’oxygène.
L’engouement pour la Saint-Valentin est tel que certains officiers d’état civil refusent catégoriquement d’enregistrer des demandes de divorce ce jour-là.
Cependant, derrière cette façade festive se cache une réalité plus complexe. La société thaïlandaise, malgré les apparences, reste profondément conservatrice.
Oubliez les effusions en public ! Se tenir la main dans la rue est déjà mal perçu pour un couple hétérosexuel, alors que cela reste toléré entre amis du même sexe.
Quant aux baisers langoureux et autres marques d’affection plus osées, ils sont à proscrire sous peine de se voir rappeler à l’ordre par la police, garante du « bon ordre moral ».
La Saint-Valentin en Thaïlande offre ainsi un visage contrasté : une fête importée, célébrée avec ferveur, mais qui se heurte aux traditions et à la pudeur d’une société qui, sous ses airs exubérants, conserve jalousement ses valeurs.
